Plusieurs excavations archéologiques du sous-sol de la basilique de Saint-Denis entre les années 1953 et 1980 ont permis la découverte de tombes mérovingiennes. Une de ces tombes (tombe 49) contenait de nombreux vestiges organiques partiellement préservés avec un riche inventaire de boucles, bijoux et accessoires. Le sarcophage monolithique n’avait subi aucun dérangement lors de son séjour dans le sous-sol d’environ 1’500 ans. Une bague avec des inscriptions permit l’identification de la reine Arégonde. Un demi siècle plus tard, après une chasse aventureuse dans divers musées, dépôts ainsi qu’un coffre-fort resté fermé durant des décennies, il fut enfin possible de réunir cet inventaire éparpillé.
Un groupe de scientifiques et d’experts sous la direction de Patrick Perrin, directeur du Musée d’Archéologie Nationale, ont réexaminé cet inventaire majestueux. La publication et une mise à jour des résultats de recherche de l’ensemble des tombes mérovingiennes est prévu pour 2012.
Un premier aperçu de l’inventaire de la tombe d’Arégonde publié dans le magazine Histoires et Images Médiévales No 25 mais aussi une médiatisation à travers la presse, la Radio et la TV nous donne une idée de l’extension des travaux sur ce trésor national. L’inventaire complet accompagné de reconstitutions et résultats des chercheurs est accessible au public au château de Saint-Germain en Laye qui abrite le Musées d’Archéologie Nationale (MAN).
Comme petite mise en bouche pour le catalogue à venir voici un petit extrait de nos travaux concernant les chaussures et jarretières de son altesse royale Arégonde ( v. 515 — † v.573/579) reine des Francs, épouse du roi Clotaire Ier que nous avons eu l’honneur et le privilège d’examiner.
Tout commence avec les premières notes prises sur place. Chaque indice tels les traces de coutures, le sens du cuir selon la disposition des pores, les traces d’usures et les empreintes décoratives sont d’utiles indicateurs pour réveler l’objet dans son état d’origine.
Il a fallu de nombreuses heures de travail, de recherches et de comparaisons pour enfin établir un patron plausible sur la base des menus fragments ayant survécu. Plusieurs tentatives de reconstitution furent nécessaires pour arriver au résultat pouvant faire face à une auto critique très exigeante
Les jarretières posaient un vrai casse-tête. Plus de la moitié des lanières découvertes à l’époque manquaient. Il a fallu se référer aux photographies et aux documents de l’excavation pour déterminer la position originale des pièces qui livrèrent la clé de l’énigme. La reconstruction finale des chaussures et des jarretières a permis de comprendre pour la première fois la manière de porter un tel accoutrement royal. Nous espérons que cet exemple pourra servir à une meilleure compréhension de découvertes similaires où le cuir à complètement disparu.